Aujourd'hui, c'est le cœur lourd que je viens écrire. Le titre n'est pas vraiment réfléchi, il sera comme cet article : posé là, comme ça. Car oui, je suis fatiguée, épuisée même et rien n'est fini.
Pour vous rappeler la situation, je m'inquiétais en 2017 des capacités d'apprentissage à l'école de Poucinette, ma deuxième fille. Elle était alors en CE1 et on me parlait de manque de maturité.
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En 2018, un an après, je faisais le point et expliquais les nouvelles choses mises en place.
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Et depuis...
Elle a eu deux séances par semaine chez l'orthophoniste. Il y a eu de nouveaux bilans avec le psychologue scolaire. Des réunions avec les équipes pédagogique. Du soutien parfois à l'école. Mais rien n'a changé.
Ma fille continue de ne pas savoir écrire les mots correctement, elle comprend de travers, elle perd ses moyens en évaluation, elle ne retient pas ses leçons, elle a une logique qui lui est propre.
On m'a imposé plusieurs bilans, j'ai fini par refuser. On m'a convoqué, me demandant pourquoi. Quand j'ai expliqué que je voulais qu'on laisse ma fille, qu'à chaque fois c'était les même réponses : on ne comprend pas votre enfant. J'étais déjà fatiguée de tout ça. Je revois le psychologue scolaire me regarder d'en haut et me dire qu'il allait faire un bilan et que, LUI, il trouverait quelque chose à dire. J'ai tenu le pari et j'ai jubilé (oui carrément) quand il m'a répondu : je ne comprend pas votre enfant. On ne m'a pas fait confiance, on a imposé à ma fille de se retrouver en "examen" continuellement.
A l'école, aucun enseignant ne savait ce qu'il devait faire. Les conseils des professionnels étant eux-même très flou, ils avaient du mal à mettre en place des cours exprès pour ma fille. Je ne leur en veux pas, on était tous perdu.
Notre orthophoniste est partie. Elle a été remplacé par une collègue. Nous allions continuer la méthode en place depuis 1 an. Mais, avec cette rentrée, je sentais que quelque chose clochait. J'en ai parlé avec l'orthophoniste lui demandant si elle avait l'impression d'avancer avec Poucinette, elle était d'accord que non, on stagnait. Re-bilan.
Après ce bilan, je la retrouve perplexe devant les résultats. C'est un cas rare, ça ne fait aucun doute. Elle me propose la méthode Padovan qui permet une réorganisation neuro fonctionnelle. Pendant plus d'1 an, deux fois par semaine, ma fille a répété les même gestes. J'y ai vu de petites améliorations. J'y ai vécu des moments intenses au point d'en pleurer. C'était lourd comme programme, autant pour elle, que pour moi.
En parallèle, l'orthophoniste nous a conseillé de monter un dossier à l'hôpital pour une analyse des troubles de Poucinette. Ce fut fait dans la foulée, en novembre 2019, je le déposais. J'avais demandé au psychologue quelle solution nous avions pour comprendre notre fille, il nous avait parlé de ce dossier à créer mais, je cite, "ça prend du temps, je suis vraiment surchargé, je ne pourrais pas le faire"
Nous avons fait le point avec l'orthophoniste. On pouvait continuer un peu mais il n'y aurait pas de miracle. On a demandé à Poucinette ce dont elle avait envie : faire des jeux. Nous sommes donc repassés en salle et nous avons fait des jeux de société (tous basés sur le langage, la logique, l'écriture... ça lui plaît quand on joue)
Le confinement est arrivé. Notre orthophoniste est parti à son tour. Je lui expliquais ma fatigue quand aux séances et surtout mon étonnement vis-à-vis des résultats inexistants de tout cela. 3 années se sont écoulées et rien n'a vraiment changé. Elle m'a conseillé de laisser Poucinette se reposer et d'attendre le rendez-vous de l'hôpital.
Quelques jours avant la rentrée des classes, le téléphone, enfin. Nous avions rendez-vous le jeudi 3 septembre.
A peine arrivé, la doctoresse me pose quelques questions et semble surprise que nous soyons là. Elle est encourageante par rapport à la lecture de notre dossier. Elle va faire quelques petits exercices avec ma fille et me rappelle. J'attends dans le couloir et comme toujours, je me dis que cette femme semblait rassurante, que peut-être je m'inquiète trop, que le problème vient de moi, que tout va s'arranger... Et comme à chaque fois, je me prends cette claque.
Quand je rentre dans le bureau à nouveau, le regard (derrière le masque) me semble étrange. La doctoresse ne comprend pas. C'est un cas urgent. Poucinette ne devrait pas être en 6 ème dans ces conditions, on court à l'échec scolaire. Comment est-ce possible que les équipes pédagogiques n'ont rien vu, rien mis en place ? Comment avoir eu un programme aussi lourd chez l'orthophoniste sans un minimum de résultat ? Elle doit le voir à ma tête, je me contiens mais mes yeux crient : "mais je le dis depuis toujours !!!" Elle m'explique ce qui va suivre, m'affirme qu'elle va être prise en charge très rapidement, de ne plus nous inquiéter, qu'heureusement nous sommes là.
Je sors avec un demi-sourire, j'autorise Poucinette a acheté le goûter à la boulangerie. Je l'attends dans la voiture avec bébé et il n'y a plus rien. Mon cerveau est éteint, je n'entends plus. Je ne pense plus.
Quand je rentre, je tombe malade. Je me dis que j'ai du prendre un coup de froid mais je réalise au bout de plusieurs heures que je suis en plein craquage. 4 ans à me poser des questions sur la scolarité de ma fille, 4 ans de souci, 4 ans de rendez-vous, 4 ans à écouter les conseils : surtout qu'elle garde confiance en elle. Et pendant ce temps, rien n'a changé. Le verdict du docteur est direct : elle est en train de perdre confiance en l'école. Sans déconner ? 4 ans à avoir des mauvaises notes, des bonhommes qui font la tête, des moins, toujours des moins... Se sentir la dernière de la classe, ne jamais y arriver, ne pas comprendre... Qu'espérait-il ? Je savais tout ça depuis un moment, je demandais : "et pour la 6 ème ?" Ben voilà, on y est. Elle est en 6 ème et on la porte à bout de bras, en croisant les doigts pour ne pas qu'elle tombe.
Aujourd'hui, je me rassure comme je peux. Nous avons déjà été rappelé par l'hôpital. Elle va y passer une journée en novembre. Il y aura des tests et des jeux, différents intervenants. Ils se réuniront ensuite et peut-être, je l'espère, nous aurons nos réponses.
Je n'attends rien de ma fille. Je ne l'élève pas pour qu'elle soit première en classe, je suis là pour lui indiquer les chemins et lui donner le maximum d'amour. Pour qu'elle ait confiance, qu'elle avance, qu'elle sourit. Je ne souhaite pas de miracle car je l'aime comme elle est mais je ne veux pas être celle qui la laissera sombrer parce que la société lui aura toujours rappelé qu'elle ne vaut rien.
C'est certainement fort mais avec mon hypersensibilité, je suis à fleur de peau. Je vois bien que ma fille a de grosses difficultés à intégrer certaines choses. A la maison, on pourrait laisser passer, sans juger. Mais les autres ? Et si ça la touche ?
Il n'y a plus qu'à attendre... Nous verrons bien